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La politique industrielle consistant en des programmes d’action des pouvoirs publics visant à revigorer les industries nationales est redevenue populaire dans les pays avancés. La loi américaine de réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act, 2022) avec des crédits d’impôt sans précédent ou des subventions actives lancées par l’administration Biden incarne ce regain de faveur.
La politique industrielle est revenue comme un instrument privilégié de l’action publique. Cela marque une rupture majeure avec l’ère précédente durant laquelle elle était devenue, dans les économies avancées, comme intellectuellement démodée, inefficace, et contraire aux principes de l’économie de marché.
La politique industrielle, c’est d’abord beaucoup d’investissement, donc de très forts besoins en capital. Les objectifs affichés sont multiples. Il s’agit d’assurer la sécurité économique en répondant aux politiques proactives de la Chine dans ce qui est considéré comme des secteurs « stratégiques ».
La constitution en Occident de capacités autonomes en semi-conducteurs coûtera des centaines de milliards de dollars. Il s’agit aussi de financer une transition énergétique et climatique qui nécessitera le renouvellement profond des infrastructures, l’installation de nouvelles capacités de production, le déclassement de certaines autres, la rénovation de millions de logements.
Il faudra investir massivement dans les technologies émergentes, au premier rang desquelles l’intelligence artificielle, extrêmement capitalistique ; il faudra enfin financer une recherche civile et militaire accrue dans un contexte géopolitique où une course fait rage entre les superpuissances économiques comme les Etats-Unis, la Chine et l’Union européenne. Pour les pays émergents et en développement, il est essentiel et urgent de renforcer leurs infrastructures, notamment pour améliorer l’accès à l’électricité de leur population et investir dans le capital humain.
Au moment où il apparaît essentiel, le capital devient aussi plus rare, pour au moins trois raisons.
D’abord, le dynamisme de l’épargne mondiale, en forte progression depuis quatre décennies, va ralentir ou s’inverser. La raison principale en est le vieillissement de la population mondiale, qui ne s’accompagne pas toujours, dans de nombreux pays, du développement de systèmes sociaux protecteurs.
Deuxième raison, la montée des dettes publiques, qui n’ont jamais été, dans les pays avancés, aussi élevées en temps de paix.
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